Quelle maçonnerie de structure pour les petits logements collectifs ?

Sous l’impulsion des nouvelles réglementations thermiques, les modes de construction et matériaux de structure utilisés pour les bâtiments collectifs ont beaucoup évolué ces dernières années.

Ce constat se vérifie encore plus dans le cas des logements collectifs de taille modeste comportant moins de 5 étages où le recours à une maçonnerie traditionnelle en petits éléments reste significatif. On observera également que les récentes tendances architecturales et sociétales en résidentiel privilégient de plus en plus la construction de bâtiments résidentiels à « taille humaine ». On notera que le béton, banché ou en blocs, a su se réinventer et conserve encore majoritairement la faveur des maîtres d’ouvrage.

Voici quelques bonnes raisons pour nous intéresser aux principaux matériaux et systèmes constructifs pratiqués dans le « petit collectif ».

Des critères de performance spécifiques au collectif

Performances thermiques, résistance mécanique, compétitivité prix, facilité et rapidité de mise en œuvre sont invariablement cités comme principaux critères d’exigence cités pour arbitrer le choix du matériau de structure. A ces critères on peut ajouter l’inertie thermique (capacité du matériau à retenir la chaleur l’hiver et la fraicheur l’été) et les qualités environnementales. Le fait de privilégier tel ou tel matériau est donc un choix technique, économique et écologique, qui généralement appartient au maître d’ouvrage en étroite concertation avec son bureau d’étude.

En phase avec la RT2012 et le DTU 20.1, la plupart des produits de maçonnerie sont capables d’y répondre parfaitement, mais avec un niveau de performance et de prix inégal. Outre les gains obtenus en matière de performance thermique, c’est cependant sur la résistance mécanique et la rapidité de mise en œuvre que les progrès les plus spectaculaires ont été enregistrés. 2 critères essentiels en logement collectif.

Un choix raisonné entre béton banché et maçonnerie traditionnelle nouvelle génération

Pour la construction de logements collectifs c’est sans surprise le béton banché qui s’impose. Dans la majorité des cas pour les bâtiments > R+4 et dans la moitié des logements de moins de 5 étages. L’autre moitié étant partagé entre la brique terre cuite et le bloc béton.

Le béton banché, une solution gain de temps mais plus exigeante et globalement plus chère que la « petite » maçonnerie en brique ou parpaing, la plupart des promoteurs ont tendance à favoriser la banche qui les aide à gagner du temps d’exécution sur le chantier. Le béton banché les rassure aussi par sa forte résistance mécanique, indispensable en zones sismiques, mais également grâce à son niveau d’isolation phonique supérieur. Un gain de productivité chantier assuré mais qui a un coût et exige une bonne maîtrise organisationnelle de la part des entreprises de maçonnerie.

La brique, de nouveaux atouts qui ont séduit le collectif

La brique est le matériau dont la progression en collectif a été impressionnante ces 10 dernières années. Au moins 4 raisons expliquent cette dynamique favorable à la brique :

  • Sa résistance thermique (jusqu’à R =1,5, dans le cas de la brique isolante de 20cm, soit 7 fois mieux qu’un parpaing creux)
  • La démocratisation de la technique de pose collée pour les briques dites joints minces
  • L’amélioration de sa résistance mécanique et du traitement des points singuliers (permettant de se passer des rupteurs thermiques)

Pour autant le recours à la brique reste une solution plus chère que le parpaing traditionnel, moins indiquée en zone sismique et plus délicate à la fois dans sa mise en œuvre (1er rang en pose collée, volume de découpes sur chantier) et pour les opérations de finition à l’enduit (double couche exigée, risque de fissures…)

Quand le bloc béton fait sa révolution...

Connu et maîtrisé par tous les maçons, le bloc parpaing traditionnel est historiquement le matériau de référence en maison individuelle comme dans le « petit collectif ».

Ses arguments pour convaincre ne manquent pas : robustesse mécanique et sismique, inertie thermique, qualités acoustiques, prix compétitif et facilité de mise en œuvre. En capitalisant sur ces atouts, notre « vieil agglo » a du néanmoins innover et se réinventer ces dernières années pour contrer le succès de la brique.

Comme pour la terre cuite, on a ainsi vu émerger avec intérêt des blocs béton rectifiés à joints minces (creux, pleins ou isolants) offrant des performances thermiques et des caractéristiques de mise en œuvre en pose collée comparables à la brique de structure. Pour un prix fourniture et pose équivalent voire inférieur à la brique, ces nouveaux blocs béton à base de granulats standards ou légers améliorent la productivité chantier de 20 à 40% en réduisant les consommations de mortier et de main d’œuvre.

Plus économiques, les blocs à granulats standards restent toutefois majoritaires. Pour gagner en résistance, certains d’entre eux intègrent dans leurs alvéoles un isolant, ce qui permet pour les plus performants de rivaliser sur ce terrain avec la brique monomur ou le béton cellulaire mais avec une maniabilité et une compacité supérieure

Conclusion

Entre les atouts du béton banché et ceux des blocs parpaing nouvelle génération, le béton a incontestablement de beaux jours devant lui dans les bâtiments de logements collectifs… grands ou petits !